29
Août
2018
|
15:42
Europe/Amsterdam

Le patrimoine, une histoire en mouvement

  • ​Des documents d’archives remontant aux origines de la Manufacture
  • Un savoir-faire horloger et des métiers d’art préservés
  • Des montres d’exception conservées dans la collection privée Vacheron Constantin
  • Des modèles d’autrefois comme sources d’inspiration

Trait d’union entre le passé et l’avenir de la Maison, le département Patrimoine de Vacheron Constantin occupe une place à part au sein de la Manufacture. Point de départ d’une exceptionnelle chronologie qui remonte à 1755, à la tête d’une collection unique, il est tout sauf un musée figé qu’il faudrait dépoussiérer. Les recherches et l’expertise des équipes qui y travaillent au quotidien sont une source insatiable d’inspiration pour la création des nouvelles collections et une référence magistrale pour le Service Clients et le département Restauration. Gardiennes de la mémoire de la Maison, garantes de l’authenticité et de la légitimité du Patrimoine, ses équipes sont chargées d’en assurer la conservation, de l’étoffer et de le rendre accessible au public.

Un trésor vibrant et inspirant

L’inventaire réunit aujourd’hui quelques 1500 pièces horlogères datant du 18ème siècle à nos jours, 800 machines-outils, de nombreux biens mobiliers, tableaux, établis et outillages horlogers, auxquels s’ajoute un impressionnant fonds d’archives papier, iconographiques et audiovisuelles. 420 mètres linéaires accueillent registres de fabrication et registres comptables comprenant les ventes à l’étranger, échanges épistolaires entre associés, fournisseurs et clients, documents divers et photographies d’une richesse infinie qui éclairent, tant historiquement qu’artistiquement, sur l’activité de Vacheron Constantin au fil des siècles et des années. Autant d’outils écrits permettant d’obtenir la traçabilité d’une création depuis les origines, car toutes les pièces produites sont systématiquement référencées dans des registres de fabrication.

C’est sur cette base fiable que le département Patrimoine et son horloger expert sont en mesure de délivrer aux collectionneurs certificats d’authenticité, extraits d’archives et attestations à fin d’assurance. Parmi les joyaux de cet héritage émouvant et précieux : un document administratif daté de 1711 soutenant la demande de citoyenneté genevoise du père de Jean Marc Vacheron ; la copie de l’acte fondateur de la Maison, acte notarié de 1755 par lequel il embauche son premier apprenti ; un registre remontant à 1773 ; et un traité en quatre tomes sur l’émail, écrit de la main d’un artisan. D’une valeur inestimable, les archives font l’objet d’un important travail de numérisation destiné à leur sauvegarde.

Autenticité et expertise

Toujours ancrées à Genève, les équipes du Patrimoine ont rejoint récemment la manufacture de Plan-les-Ouates après avoir occupé jusque-là le berceau historique de la Maison niché en l’Île. En contact direct avec les autres départements, plus dynamiques que jamais, elles sont force de propositions pour orienter la création et la communication autour de l’univers de Vacheron Constantin. Témoins d’un savoir-faire ancestral et d’une ligne artistique très variée, elles incarnent la culture de la Maison, qu’elles dévoilent à l’occasion d’événements et d’expositions. Elles relayent ce contenu très dense sur les réseaux sociaux, tout particulièrement sur Instagram, via le compte @thehourlounge.

La pertinence de leur expertise s’illustre également, depuis quelques années, sur des montres vintage que le département acquiert, pour les proposer ensuite à la vente, après les avoir remises en état et authentifiées. Cette collection appelée Les Collectionneurs répond aux attentes des passionnés et connaisseurs de la Maison qui souhaitent un modèle ancien mais qui éprouvent quelque réticence envers le marché de seconde main. Elle contribue à faire vivre la collection du Patrimoine qui s’enrichit ou se défait de certaines pièces en fonction du marché ou de l’actualité. C’est le principe même d’une collection de n’être jamais statique…

Une exploration perpétuelle

L’histoire de Vacheron Constantin se déroule ainsi et s’étoffe au gré des recherches et des découvertes. Christian Selmoni, Directeur du Style et du Patrimoine, aime à répéter que « le plus important réside certainement dans la capacité des collaborateurs de l'équipe à mettre ou remettre en lumière garde-temps et histoires qui forment toute la richesse de Vacheron Constantin ». C’est un véritable travail d’enquêteur auquel se livrent les gardiens de ce temple sacré pour réunir les pièces à conviction qui rétabliront la vérité ou argumenteront telle période. Ce sont des pistes qui mènent à d’autres pistes, qui confirment, infirment, complètent et déplacent. Une chasse au trésor titanesque d’un terrain de jeu de plus de 260 ans qui ne s’épuise jamais. Il reste encore tant de registres, de boîtes et de lettres à ouvrir et à lire. « En l’état actuel de nos connaissances, nous en sommes à ce stade-là... » : la formule des équipes du Patrimoine est une victoire sur le passé et une promesse pour l’avenir.

Fiche technique

  • 8 personnes/enquêteurs
  • 1500 pièces horlogères datant du 18a siècle à nos jours
  • 800 machines-outils et meubles d’atelier
  • 200 tableaux et oeuvres d’art
  • 420 mètres linéaires de papier
  • 4 millions de pages d’archives
  • 1000 registres référençant les pièces produites par la Maison
  • 200 000 lettres issues des correspondances de la Maison avec ses clients et fournisseurs

Il était une fois...

Pour cette pièce unique, tout commença par une lettre reçue en 1929…

“Antibes, le 19 janvier 1929
Maison Vacheron Constantin – Genève

“Monsieur,
Il y a bien 25 ans, j’ai acheté chez vous une montre en or au prix de 500 F si je ne me trompe pas. Victime d’un cambriolage, je voudrais la remplacer par une autre de même marque car j’ai toujours été très content. Je vous prierais de me faire savoir quels sont vos prix pour une bonne montre de poche en or jaune avec lunette et bord de fond ciselés, ou de préférence avec filet émaillé formant des dessins.”

Dès la réception de ce courrier émanant d’un scientifique installé dans le sud de la France, la manufacture Vacheron Constantin se mit en devoir d’honorer cette requête. Et une semaine plus tard, le 26 janvier 1929 très précisément, après consultation de ses spécialistes, une réponse fut adressée au client, évoquant à la fois le mouvement et la décoration de la montre :
 

VC: “Nous prévoyons une montre demi-plate de 44,7 mm de diamètre, à la forme dite “Murat” se prêtant au décor, c’est-à-dire dans le genre de votre croquis. Le mouvement serait de Première Qualité à 18 rubis, le cadran argent avec heures émail, chiffres et aiguilles selon vos désirs particuliers.”

Mais ce que les horlogers et les différents artisans de la manufacture ignoraient à ce momentlà, c’est que leur interlocuteur allait se montrer aussi exigeant que pointilleux dans ses demandes. Durant huit mois, le client discuta du moindre détail d’ornementation ou de la précision de sa future montre, envoyant de nombreux croquis aux graveurs de la manufacture. Et, patiemment, Vacheron Constantin lui répondit point par point, jusqu’à ce qu’il détermine son choix et passe une commande définitive.

“Je voudrais que vous me précisiez si le fond de la montre est complètement lisse ou bien si, ainsi que les deux lunettes, il est orné d’un décor ciselé ou émaillé. Ceci dit, je voudrais encore savoir quelle serait la variation maxima que vous me garantissez pour le mouvement que vous me proposez.”

VC: “Au sujet du fond de la montre, nous pouvons le faire à votre choix, soit poli uni, soit brossé, soit guilloché de la façon qui vous conviendrait. Nos mouvements sont soumis aux épreuves les plus serrées de positions et de températures, glacière et étuve, et réglés avec une légère avance qui doit s’atténuer au porter. Une fois mise au point, une montre de poche de cette qualité ne dépasse généralement pas une variation de deux secondes par jour.

” Enfin, le 8 août 1929, après être entré en possession de sa montre, le client reprit une dernière fois sa plume pour exprimer sa satisfaction :

“Au point de vue artistique, votre pièce est irréprochable. Je conserverai toujours le souvenir de votre Maison, ainsi que de l’accueil charmant que vous avez bien voulu réserver à toutes mes exigences. Vous réitérant aussi mes compliments pour votre artiste ciseleur, je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.”

Des histoires horlogères comme celle-ci, il en existe des centaines, des milliers, dont le souvenir subsiste depuis 1755 dans les archives Vacheron Constantin précieusement conservées. Des montres dont le style parle d’époques révolues, et qui rappellent le talent des horlogers et des artisans d’art d’autrefois, comme autant de sources d’inspiration pour les créations en devenir.