17
Novembre
2022
|
09:00
Europe/Amsterdam

Le Maître graveur, artisan de la matière

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  • Chez Vacheron Constantin, le Maître graveur exerce son art en relief ou en taille douce sur toutes les parties de la montre avant qu’elles ne soient anglées et polies à la main.
  • Les techniques de gravure se marient avec d’autres Métiers, de génération en génération, en quête perpétuelle d’innovations.

« En haute horlogerie, la gravure consiste à orner une montre, faire vivre sa matière et le métal précieux dont elle est constituée en y apportant une touche artistique. » La Maître graveuse de Vacheron Constantin aime parler de son art. « Quand je crée un motif sur un cadran ou sur une carrure, je joue avec les contrastes, la lumière, les volumes, explique-t-elle. Il faut parfois suggérer un mouvement, une émotion, un désir. C’est de la sculpture miniature. »

A la Manufacture, depuis toujours, les Maîtres graveurs exercent leur art sur toutes les parties de la montre pouvant être travaillées en relief ou en taille douce, avant d’être anglées et polies à la main. Des techniques qui se marient souvent avec d’autres Métiers d’Art comme le sertissage, le guillochage ou l’émaillage. Cadrans, fonds, couvercles, aiguilles, fermoirs, composants mécaniques squelettés sont ainsi susceptibles d’être décorés sous la lame de leurs échoppes, onglettes ou burins, des outils développés dès le XIVe siècle et qui n’ont guère changé depuis. La gravure – ces nombreuses techniques d’embellissement du métal comme la ciselure ou le ramolayage ayant connu un véritable âge d’or dès le milieu du XVIIIe siècle – est aujourd’hui indissociable de la haute horlogerie pour l’ornementation des plus belles pièces et de leur mouvement.

« C’est cette incarnation dans l’objet que le client attend, cette belle imperfection… qui demande tellement de temps. »

« La gravure, en haute horlogerie, offre un supplément d’âme aux montres, détaille la Maître graveuse de Vacheron Constantin. On pourrait presque dire qu’une gravure lui donne de la vie et ça nous dépasse un peu. C’est cette incarnation dans l’objet que le client attend, cette belle imperfection, ce jeu de textures qui demande tellement de temps. Ce que nous faisons n’est pas reproductible par une machine et c’est justement ce qui est beau, ce qui crée de l’émotion. »

« En gravure, la main s’affine avec le temps »

Un art presque vivant qui demande de la maestria. Les artisans graveurs de Vacheron Constantin réalisent ainsi leurs propres outils, façonnés à leur mesure pour jamais ne cesser d’innover. En gravure, la main s’affine avec le temps. Au fil des années, un équilibre se crée permettant une sensibilité accrue à la matière. Et le trait s’affirme, de génération en génération, évoluant comme imperceptiblement. Chez Vacheron Constantin, les artisans d’art ont toujours bénéficié d’une grande liberté d’interprétation. Le graveur travaille sur les volumes, les profondeurs, il n’a pas de plan. Avec l’expérience, il développe une forme d’intuition pour devenir un authentique sculpteur du temps.

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Les techniques de gravure

Les différentes techniques de gravure traditionnelle permettent de créer une variété infinie de décors.

Taille-douce

Au sens premier, la taille-douce fait référence à la gravure au burin héritée des orfèvres. Par extension, cette technique a servi à désigner tous les procédés de gravure en creux sur métal, au burin (pointe en acier biseautée à bout carré, rectangulaire ou en losange) ou à la pointe sèche (pointe d’acier servant à griffer le métal), notamment utilisés dans l’imprimerie pour la reproduction de gravures anciennes, de timbres et de billets de banque. Cette technique est magistralement représentée par la pièce à exemplaire unique Les Cabinotiers Mécaniques Sauvages - Animaux Mystérieux Tigre et son décor végétal dans lequel se fond la tête du fauve.

Taille de joue

Utilisée pour la gravure ornementale en orfèvrerie, la taille de joue en est une déclinaison : le graveur incline son burin pour obtenir une incision plus large qui permettra à la gravure de capter tout l’éclat de la lumière. Pour ce faire, il procède par enlèvement de copeaux, créant des sillons plus ou moins fins et profonds pour modeler le décor ou la scène. Sur la pièce Les Cabinotiers Grande Complication Phoenix, l’alternance des techniques, y compris la taille de joue, a permis de dégager sur la carrure une sculpture en bas-relief d’un réalisme saisissant.

Ramolayage

Cette technique, parfaitement illustrée sur la série Métiers d’Art – Hommage aux Grandes Civilisations ornée d’appliques en or sculptées représentant des chefs-d’œuvre de la statuaire antique, consiste à ôter de la matière pour modeler en relief. Irréversible, cette opération exige un geste parfaitement assuré. Le Maître graveur dessine d’abord les volumes principaux à la pointe sèche pour ensuite les dégager au burin en sculptant la matière. Pour atteindre une précision extrême, les burins sont taillés à plusieurs reprises. A mesure que la gravure avance, le niveau de finition s’affine pour faire ressortir le moindre détail et créer des jeux de lumière en alternant les traitements de surface.

Ciselure

L’artisan ciseleur ne retire pas la matière mais la repousse et la déforme à l’aide de bouterolles (outils à tête ronde), de ciselets à pointes émoussées et marteaux, afin de créer des formes et des motifs selon un relief plus ou moins accentué. Cet art de l’ornementation est mis en lumière sur la montre Traditionnelle tourbillon Qilin, permettant une mise en valeur des écailles et du collier.

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Sélection de montres

Montre de poche en argent gravée (1778)

Cette pièce de 1778 est la plus ancienne montre de poche gravée de la collection du Patrimoine de Vacheron Constantin, si l’on excepte la montre de 1755 portant le nom du fondateur de la Maison « JM Vacheron à Genève » gravé sur le mouvement, dont le coq fait lui aussi l’objet d’un travail complexe de gravure. Cette époque de la fin du 18e siècle est un véritable âge d’or pour les Maîtres graveurs et l’occasion, pour Vacheron Constantin, de présenter à ses clients différents catalogues de pièces richement gravées de scènes animalières, de tableaux de chasse ou de thèmes floraux pouvant inspirer leurs propres envies décoratives. Sur cette montre, le couvercle et le fond de boîte sont entièrement gravés en taille douce avec un cartouche au centre représentant une colombe. La carrure est guillochée grain d’orge, un motif fait de courbes et de lignes droites parmi les plus en vogue à cette époque. A noter qu’à l’origine, en dehors de son côté ornemental, l’art de la gravure avait également pour but d’atténuer la réflexion de la lumière sur le métal. Avec ses alternances de motifs figuratifs et décoratifs, répondant à différentes techniques de gravure, cette pièce affiche son caractère original.

Métiers d’Art Copernic sphères célestes 2460 RT (2017)

La série Métiers d’Art Copernic sphères célestes 2460 RT témoigne de la créativité des Maîtres artisans de Vacheron Constantin en mettant en scène l’univers de Nicolas Copernic et sa formidable découverte de l’héliocentrisme. Sur cette thématique, les Maîtres artisans ont imaginé différents cadrans qui s’articulent en deux parties. L’ovale central est ponctué d’un Soleil au visage rayonnant en or rose frappé et gravé main. Le disque extérieur est plus largement dédié aux trois variations d’artisanat d’art choisies. Entre les deux, un petit sillon en ellipse offre un espace à la course orbitale de la Terre. Sur ce cadran, d’inspiration baroque, on admire les 12 signes du zodiaque gravés à la main qui s’entremêlent sur un disque d’or blanc. Le graveur a multiplié les détails en ramolayé, faisant ressortir en relief le jeu subtil des creux et des volumes. À la loupe, les muscles saillants du Sagittaire ou encore la crinière ondulante du Capricorne sont d’un réalisme saisissant. Autour d’un Soleil en or flamboyant, la finesse de la Terre est poussée à l’extrême avec des océans couverts d’ondes microscopiques par effets de gravure et des continents polis laissant apparaître la luminosité de l’or.

Métiers d’Art Les Aérostiers – Paris 1783 (2017)

La série Métiers d’Art Les Aérostiers de Vacheron Constantin rend un vibrant hommage aux premiers exploits en aérostats, une fascinante page d’histoire de la conquête du ciel.  À l’échelle d’un cadran, les Maîtres graveurs de la Maison ont également accompli un véritable exploit en réalisant la fidèle reproduction, en version miniature, des dessins historiques de cinq vols effectués en France entre 1783 et 1785. De somptueuses montgolfières d’or gravé et micro-sculpté à la main s’élèvent sur un fond translucide d’émail plique-à-jour, tandis que le temps s’affiche en périphérie au gré des battements du calibre manufacture 2460 G4/1. Les cadrans composent ainsi de véritables scènes miniatures, d’une extraordinaire variété de motifs. Pour la pièce Métiers d'Art Les Aérostiers - Paris 1783, c’est l’aérostat conçu par Étienne de Montgolfier, emportant à son bord les deux premiers « voyageurs du ciel », que l’on retrouve sous forme de micro-sculpture sur le cadran. Sur un fond d’émail plique-à-jour en teintes azur, ce somptueux ballon d’or rose et gris est gravé de soleils, du zodiaque, de fleurs de lys, de guirlandes, de mascarons ou encore d’un aigle aux ailes déployées. Une mise en situation époustouflante.

Les Cabinotiers Sonnerie Westminster – Hommage à Johannes Vermeer (2021)

La montre de poche Les Cabinotiers Sonnerie Westminster – Hommage à Johannes Vermeer est une pièce à exemplaire unique incarnant tous les savoirs de Vacheron Constantin. Du point de vue technique, elle est équipée d’un mouvement manufacture à tourbillon, grande et petite sonneries sur carillon Westminster. Au niveau esthétique ensuite, elle se présente comme une démonstration magistrale des différents métiers d’arts savamment entretenus par Vacheron Constantin. Au-delà du couvercle officier accueillant une reproduction en peinture émail miniature de La Jeune Fille à la Perle de Vermeer, cette montre de poche offre de magnifiques frises gravées à la main qui viennent orner les flancs du boîtier avec un décor de feuilles d’acanthe et de tulipes réalisées en champlevé, aux détails accentués en taille douce sur un fond ciselé point par point à la main. Cette frise, accompagnée de sa lisière « perlée », est encore complétée par une bélière ornée de deux têtes de lion rugissant, véritable œuvre d’art en ronde-bosse inspirée de la statuaire classique. D’un incroyable réalisme, sculptés dans un bloc d’or, ces deux têtes de fauve incarnent une rare maîtrise du geste. Au total, cinq mois d’un travail d’une extrême minutie ont été nécessaires à la gravure et à la sculpture des différents éléments de cette montre de poche.